Céder une entreprise en « retournement » ne s’improvise pas.
S’il s’avère que la nature et la gravité des difficultés sont variables
(l’entreprise peut être en état de cessation des paiements, sous perfusion de
son actionnaire, …), la réussite de la cession d’une entreprise en « situation
spéciale » repose toujours sur les mêmes fondamentaux : affronter la réalité le
plus rapidement possible et utiliser le temps et la trésorerie disponible pour
préparer la transaction dans les meilleures conditions. Nous avons constaté, au
cours de nos différentes missions, les best practices suivantes :
Déchiffrer l’état d’esprit des parties
Avant de s’attacher aux modalités de la cession, il convient
avant tout de bien appréhender l’état d’esprit des différentes parties
prenantes.
Le dirigeant-salarié
Nous constatons que le dirigeant-salarié est souvent dans le
déni. La tête dans le guidon, celui-ci tarde à prendre conscience de la gravité
de la situation et son discours démontrant un retournement imminent est bien
huilé. Les difficultés viennent rarement d’un coup, et il a déjà fait face à de
nombreuses tensions ; à l’image du joueur de casino qui, s’étant sorti par le
haut d’un mauvais pari, prend de plus en plus de risques, le dirigeant qui a
déjà surmonté des difficultés va être persuadé qu’il peut à nouveau retourner
la situation. Persuadé, il sera d’autant plus persuasif !
Le dirigeant-actionnaire
La paralysie est encore plus forte pour le
dirigeant-actionnaire. Sa réussite a souvent reposé sur une certaine prise de
risques et son tempérament d’entrepreneur est peu compatible avec un comportement
rationnel lorsque qu’une cession in bonis est encore envisageable. On voit
ainsi des actionnaires-créateurs qui préfèrent négocier des moratoires et
rembourser des dettes sur de nombreuses années, sans augmenter pour autant la
valeur de leur patrimoine, plutôt que de céder, même à bas prix, tant qu’il est
encore temps.